Les soupes

Le miget – L’mijhet

“Faère un mijheot (oubedon mijhet) quand o grâle”

C’est une préparation typiquement picto-charentaise quand il fait chaud, quand le soleil “grille” en bas.
On lui donne le nom de soupine en Anjou, et de miettée en Beauce.

  • Un bon “mijhet” se prépare dans une assiette à calotte,( à soupe) avec de hauts rebords.
  • Y installer plusieurs morceaux de sucre. Verser de l’eau (mais pas bérède) pour que le sucre fonde. Ajouter du vin rouge ( là, te peux o aburraé).
  • Et au besoin, des glaçons . Couper du pain bien rassis en petits cubes…. Oubedon do fraeses, framboeses et bé core do grusèles (groseilles).
  • Y en a chuques-uns qui mettons do lait : (surtout les droillères)
  • Et dégustez… à l’ombre, juste après la marienne. Les paysans avaient coutume de se restaurer ainsi vers 16 ou 17 heures, avant de repartir pour les champs en été. Ils ne disposaient pas de glaçons bien sûr, mais de l’eau fraîche du puits. (do poué)

Lorsqu’il était consommé lors des travaux des champs, le vin était emporté dans des bonbonnes ou dames Jeanne, le mijhet dans des saladiers. Pour leur garder une certaine fraîcheur, le tout était enveloppé dans des sacs de jute qu’on arrosait de façon à les maintenir humides. L’évaporation est un processus physique qui produit du froid et maintenait ainsi les ingrédients à une température inférieure à la température ambiante.

“Mijheot” oubedon « mijhet », viendrait de “mica”, qui signifie “miette” en latin.


Chanson : A la manière du grand Goulebenéze,

L’ mijhet

refrain :

L’mijhet, l’mijhet, o vous met l’tchieur en fête,
L’mijhet, l’mijhet, o vous égaye la tête,
L’mijhet, l’mijhet, o vous rend mêm’poète,
Un bol de mijhet, et vous volà sû pied !

Quand qu’le valet se rend daus champs,
Tout acabassé d’sa jhornée,
I peux vous dir’ que l’est content,
De r’trouver tout’ la maisounnée,
Autour d’un’ grand’ piatée d’mijhet
Où qu’ chacun tire à sa façon,
Après ça, le relèv’ tout dret
Pus rose et pus frais qu’un gardon !

Refrain

O y a thiau chêti Augustin
Dèpis longtemps qu’atait malade,
Le mangeait quasiment pus rin
Qu’une goulée d’pain pis d’la salade,
Mais un beau jhour, sa malaisie
Y a fait une assiettée de mijhet,
Asteur o l’ vouét dans les battries
Porter les pus lourds sacs de bié !

refrain

Si tous les humains sû la Terre,
Peuviant teurtous s’mett’ à thiau mets,
Ol’est sûr qu’o y arait pus d’guerre,
Que les canons sariant rouillés,
Pace qu’o ya rin tel que l’mijhet
Peur dounner les bons sentiments,
Le devrait même êt’ remboursé,
Faut zou dire au gouvernement !

refrain

Voui, mais o faut pas en abuser !!!

Cf. le site : la plume bleue


Faire godaillle oubedon chabrot :

i cré quo veut dire pareil :  o lé quand t’aburre de la bidrouille dans ta craule de soupe, quand quo t’en reste in p’tit oubedon quand que t’as fini.
Mais apraé fo o supaé,  o engoulaé, o trutaé  à la craule (assiette à calotte)

Godaille vient du verbe godailler, synonyme de boire. Godaille a parfois  sens de mauvais vin : « il nous a fait boire de la godaille ».
Quand les Poitevins font godaille, les Montmorillonnais continuent de faire chabrot en versant du vin rouge dans leur fond de soupe.
Si en  Poitou et en Saintonge, on utilise le mot « »godaille »  en gascon, on utilise aussi le terme « godala ».
Dans la tradition périgourdine on dit « fa chabroù »  ou « faire chabrol » et en gascon « faire goudale ».
L’origine du mot « chabrot » serait tirée de l’occitan de l’ouest signifiant « chevreau ». Certains pensent que c’est parce que les chèvres aspirent les liquides plus qu’elles ne les lapent. Faire chabrot signifierait donc, peut être, « boire comme une chèvre »  d’’autant  que le mot « chabrot » se rapproche du « chébre » en parlanhje poitevin.

Capella bertrandi, patrimoine, chapelle bertrandÀ la soupe ! À la soupe !
Voici l’heure du chabrot.
Nous, on a le vin en poupe
Quand on a le bouillon tout chaud
On verse un’ rasade
De vin rouge bien costaud.
Si, de plus on est malade
Pour guérir, faisons chabrot

Roland Manoury, musicologue et poète auvergnat


La routie oubedon la  trempine

Le mijhet o lé en été quand que té achalaé pi quo fé chao ; mé à chette sésun, iallon putou causaé de trempine (oubedon la routie) o s’ré putou en ivar quanq quo fé fré.

Les ingrédients de la trempine (routie)

3/4 de litre de bon vin rouge
200 g de pain coupé en tranches
1 cuillerée à soupe de sucre
1 pincée de sel

La préparation de la recette

Faites griller (on dit graler en Poitou) le pain.Capella Bertrandi, patrimoine, chapelle bertrand
Mettez-le ensuite dans une casserole, mouillez avec le vin rouge et autant d’eau.
Ajoutez le sucre et salez. (certains ajoute un peu ce canelle)
Couvrez et faites cuire une demi-heure à feu doux.
Passez à la passoire fine ou au tamis (facultatif)
Versez dans une soupière et servez très chaud.


La soupe de vie.

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La soupe à la grolle.

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