Noël

La bûche de Noël : une tradition païenne du Moyen Âge

Tradition de la grande bûche de Noël. Dessin de Léon Lhermitte paru dans Le Monde illustré du 1er janvier 1884

Si la buche de Noël fait aujourd’hui partie intégrante des vieilles coutumes culinaires de la fête de la Nativité, c’est parce que cette pratique était déjà très courante au Moyen Âge.
Il n’y a pas de date précise concernant la mise en place de cette tradition. Mais la certitude est qu’elle est d’origine païenne et qu’elle se rencontrait surtout dans le nord de l’Europe.
Faisant partie des rites cérémoniels du feu, la buche était alors appelée Yule, Licht, ceppo, ou tréfeu selon la région (cocé en parlanjhe poitevin). Cet évènement célébrait à cette époque l’arrivée du solstice d’hiver. En effet, comme le solstice annonçait l’arrivée de la très longue et rude période hivernale, chaque foyer brulait de gros morceaux de bois pour tenir les maisons au chaud.
Une fois l’énorme bûche de bois coupée et ramenée au logis, maîtres, domestiques, parents, familles, proches et voisins se retrouvaient de manière conviviale autour de ce grand feu. . À la fin de la nuit, les cendres restantes étaient réparties autour des maisons, en signe de protection pour la nouvelle année. La bûche représentait aussi la solidarité entre les hommes.
Vers le douzième siècle, la pratique fut reprise par l’Église catholique. Mais cette fois-ci, pour donner un caractère chrétien à ce rituel, les buches étaient arrosées d’eau bénite par les religieux avant d’être brulées. Le feu devait être alors alimenté de manière régulière, mais surtout il devait brûler continuellement dès le 24 décembre au soir, jusqu’à l’épiphanie. Et selon la tradition, c’était aux jeunes filles de la famille que revenait la responsabilité d’allumer la bûche, à l’aide de restes de tisons des buches du Noël précédent, précieusement gardés.
La sélection du bois qui pouvait faire office de bûche ne se fait pas au hasard. A l’origine de cette tradition, ce sont les arbres fruitiers comme le merisier et le pommier qui étaient les plus utilisés. En plus, privilégier ces essences de bois, c’était aussi s’assurer d’une très bonne récolte l’année suivante. Le choix et la coupe de la tronche d’arbre est alors une véritable affaire de famille : la participation tant des grands que des petits était très sollicitée.
Sinon, toujours dans le respect de la tradition du bois, il devait être coupé avant le lever de jour et il devait être décoré de feuillage avant de le brûler. D’ailleurs, pendant sa combustion dans l’âtre de la cheminée, on n’hésitait pas à l’arroser de vin et de sel pour conjurer les mauvais sorts. Les bûches ont alors été décorées de mousses en rappel de cette vieille coutume, mais aussi en guise de décoration de Noël sur les tables de repas pendant la veillée et les repas de Noël.
Ce rituel a un côté annonciateur : plus les étincelles étaient hautes  plus l’année à venir serait mieux avec des bonnes récoltes, peu de sécheresses ou d’inondations. « Bonne année, bonnes récoltes, autant de gerbes et de gerbillons ».Il a aussi un côté protecteur, car la bûche est le symbole de l’au-delà pour les ancêtres comme pour la descendance à venir.
C’est au milieu du XIXe siècle que la bûche est devenue un gâteau, mais son origine pâtissière reste encore floue. Certains l’attribuent à un chef parisien en 1834, d’autres à un restaurateur lyonnais en 1860, ou à un cuisinier du prince de Monaco en 1898.
La bûche de Noël, à la base, était un biscuit génoise, sur lequel était étalée de la crème au beurre parfumée au café, au chocolat, au Grand Marnier (etc.) qu’on roulait ensuite pour lui donner la forme d’une bûche , qu’on recouvrait ensuite d’une fine couche de crème au beurre avec une poche munie d’une douille.
Cette pâtisserie typiquement française s’est popularisée dans tout le pays dans les années 1950, devenant au XXIe siècle un met convivial, qui rassemble les familles durant le réveillon.

 (D’après « La nuit de Noël dans tous les pays » paru en 1912)  

Noël au Moyen-Age. La bûche de Noël. Gravure du Monde Illustré (1862)

Partout, même dans les plus humbles chaumières, on veillait autour de larges foyers où flambait la souche de hêtre ou de chêne, avec ses bosses et ses creux, avec ses lierres et ses mousses. La porte restait grande ouverte aux pauvres gens qui venaient demander un gîte pour la nuit. On leur versait en abondance le vin, la bière ou le cidre, suivant les contrées, et une place leur était accordée à la table de famille. On attendait ainsi la Messe de minuit.
La bûche de Noël était un usage très répandu dans presque toutes les provinces de notre vieille France. Voici, d’après Cornandet, le cérémonial que l’on suivait dans la plupart des familles : « Dès que la dernière heure du jour s’était fondue dans l’ombre de la nuit, tous les chrétiens avaient grand soin d’éteindre leurs foyers, puis allaient en foule allumer des brandons à la lampe qui brûlait dans l’église, en l’honneur de Jésus. Un prêtre bénissait les brandons que l’on allait promener dans les champs. Ces brandons portaient le seul feu qui régnait dans le village. C’était le feu bénit et régénéré qui devait jeter de jeunes étincelles sur l’âtre ranimé.
« Cependant, le père de famille, accompagné de ses enfants et de ses serviteurs, allait à l’endroit du logis où, l’année précédente, ils avaient mis en réserve les restes de la bûche. Ils apportaient solennellement ces tisons ; l’aïeul les déposait dans le foyer et tout le monde se mettant à genoux, récitait le Pater, tandis que deux forts valets de ferme ou deux garçons apportaient la bûche nouvelle.
« Cette bûche était toujours la plus grosse qu’on pût trouver ; c’était la plus grosse partie du tronc de l’arbre, ou même la souche, on appelait cela la coque de Noël [le gâteau allongé en forme de bûche que l’on donnait aux enfants le jour de Noël portait encore au début du XXe siècle dans certaines provinces le nom de coquille ou petite bûche. « On mettait le feu à cette coque et les petits enfants allaient prier dans un coin de la chambre, la face tournée contre le mur, afin, leur disait-on, que la souche leur fît des présents ; et tandis qu’ils priaient l’Enfant-Jésus de leur accorder la sagesse, on mettait au bout de la bûche des fruits confits, des noix et des bonbons. A onze heures, tous les jeux, tous les plaisirs cessaient. Dès les premiers tintements de la cloche, on se mettait en devoir d’aller à la messe, on s’y rendait en longues files avec des torches à la main. Avant et après la messe, tous les assistants chantaient des Noëls, et on revenait au logis se chauffer à la bûche et faire le réveillon dans un joyeux repas. »

Extrait du site la « France pittoresque »

Mais la bûche de Noël doit brûler nuit et jour de Noël au jour de l’an « Le tréfoujhàu (oubedon la coce) dét brulàé pendant uit jhours »


Une  légende de Noël.
D’après Pascal Thébeaud qui a écrit « Quelques traditions de Noël en Poitou Charentes Vendée. »

Les bœufs
Un soir de Noël, les femmes étaient parties à la messe de minuit à pied, les groupes remplissaient les rues et convergeaient vers l’église. Un brave paysan était resté à surveiller et entretenir sa bûche de Noël car elle devait tenir jusqu’au Premier de l’An… C’était une énorme bûche pour ne pas dire un tronc d’arbre et le feu était éteint minutieusement avant d’aller se coucher… Et voilà qu’il entend (ou croit entendre) des bruits étranges venant de l’étable. Il s’approche et commence à pousser la porte. Autrefois, l’étable communiquait directement avec la maison par une simple porte.
« Oh ! Quest-ce que je fais là ? Il ne faut jamais rentrer dans une étable le soir de Noël. » Il hésite puis se reprend. « Bouh ! Ce sont des histoires de bonnes femmes ! Et puis, on verra bien ! » Et il franchit le seuil de l’étable. Au même moment, la cloche de l’église sonne pour l’élévation, c’était presque la fin de la messe. « Oh ! Qu’est-ce que je vois ? Voilà que mes bœufs sont à genoux ! »
Et en effet, les animaux étaient agenouillés, mais il crut même les entendre : « Eh, mes boeufs ! Quest-ce que vous murmurez ? » Et les bœufs répondirent (mais oui !) : « Maître, tu vas mourir ! Nous nous préparons à t’emporter au cimetière. » Le bouvier épouvanté fut saisi d’une fièvre ardente qui le conduisit au tombeau quelques jours plus tard.


Quelques dictons en parlanjhe poitevin

  • Si la neu de Nau ét nègre ola rat bérède de fruts
    Si la nuit de Noël est noire, il y aura une grande quantité de fruits.
  • Cllère la neu de nàu, cllérs lés jhavaus
    Claire la nuit de Noël, peu de grains dans les gerbes
  • A Nàu lés jhours élunjant d’in pa de jhàu, à la Ghillanneù, d’in pas de bu
    A Noël les jours augmentent d’un pas de coq, au jour de l’an (au Gui l’an neuf) d’un pas de bœuf
  • Entr Nàu é lés Roés, o se fét le tenp daus douse moés.
  • De Nàu  aus Roés o se fé le tenpde l’annaie
    De Noël aux Rois, on peut prédire le temps de l’année ou  Entre Noël et l’Epiphanie, se fait le temps des douze mois de l’année.

Au saint Nau est un chant de Noël poitevin du XVIe siècle.

Refrain
Au saint Nau
Chanterai, sans point ni feindre
Y n’en daignerai ren craindre,
Car le jour est fériau,
Nau, nau, nau,
Car le jour est fériau.

Nous fûmes en grand émoi
Nau, nau,
Y ne sais pas ce qu’o peut estre,
Daux autres bergers et moi,
Nau, nau,
En menant nos brebis paître,
Dau forfait qu’Adam fit contre son maître,
Quand dau fruit il osit paître,
Dont il fit péché mortiau,
Nau, nau, nau,
Dont il fit péché mortiau.

Y m’assit sur le muguet
Nau, nau,
En disant de ma pibolle
Et mon compaignon Huguet
Nau, nau,
Mi répond de sa flageolle :
Arriva in ange daus ceau qui vole,
Disant allègre parole
Dont y fus joyeux et bault
Nau, nau, nau,
Dont y fus joyeux et bault :

Réveillez-vous, pastoureaux,
Nau, nau,
Et menez joyeuse chère.
En Bethléem est l’igneau
Nau, nau,
Nascu d’une vierge mère :
Elle l’a mis dedans ine manjouère
Où l’avait pou de letère,
En l’étable communau,
Nau, nau, nau,
En l’étable communau.


La tradition de Noël chez nos « cousins » du  Québec

Au Québec, l’hiver et la neige durent plusieurs mois et les Québécois sont plongés très rapidement dans l’ambiance féérique de Noël. Ils décorent l’intérieur et l’extérieur de leurs maisons avec des lumières, des guirlandes et des personnages. Le soir de Noël, les familles s’échangent des cadeaux mais il arrive parfois qu’ils aient décidé d’une thématique ou d’offrir quelque chose dont ils ne se servent plus. Ils tirent alors au sort pour savoir à qui reviendra chaque cadeau.
Le repas traditionnel québécois est composé d’une dinde rôtie farcie aux poires et aux canneberges, d’une tourtière (avec différents types de viandes) et d’une bûche, d’une tarte au sucre ou d’un gâteau épicé au sirop d’érable en dessert. Il existe quelques variantes comme la soupe aux pois, le jambon glacé à l’érable et les « bines » (ou haricots) ou fèves au lard.

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